Le Prince des Caves.

Boris Vian à énormément fréquenté les caves de Saint-Germain-des-Prés, il a fait d’incroyables connaissances et s’est lié d’amitié avec beaucoup d’artistes. Particulièrement avec Juliette Gréco, qu’il considérait un peu comme sa soeur. Ils restaient ensemble des nuits entières, à parler et à refaire le monde. Juliette et Boris étaient très intelligents et partaigeaient souvent les mêmes opinions et convictions. Mais au-delà d’une complicité intellectuelle et amicale, Juliette Gréco tient énormément au prince de Saint-Germain.

« C’était mon frère. Un frère choisi. Et il m’avait choisie comme sa petite soeur. C’était curieux. Il m’avait prise sous son aile. Il était inquiet parce que je ne parlais pas. J’étais terriblement sauvage et silencieuse. Il se disait que, derrière ce mutisme et ces yeux charbonneux, il devait y avoir un truc qui se passait… Je montais à pied chez lui, à Montmartre. J’arrivais en fin de journée, en été plus souvent qu’en hiver. Je m’asseyais sur un canapé, il mettait son bras autour de moi et il me parlait. La nuit tombait, tout doucement. La nuit me mettait en confiance, alors quelquefois je répondais. Il m’a réappris à parler. Comme un psychologue n’aurait sans doute pas réussi à le faire. Boris avait grand coeur. Un coeur trop gros. Cliniquement et humainement. C’était un tendre, très conscient de sa fragilité. De la fragilité de sa vie et du peu de temps qui lui serait accordé sur cette terre. Il savait parfaitement qu’il allait mourir. Il était très beau. Il avait un humour extraordinairement cruel et grinçant. En cela,il s’entendait bien avec Raymond Queneau. Boris avait, comme lui, le sens de la dérision et du dérisoire. De la vanité de la gloire. »

En 1947, Boris Vian devient, avec sa trompette et son orchestre, l’animateur du Tabou. Un animateur très regardant, car son frère, Alain disait « qu’il veillait à ce que n’importe quoi ne soit pas joué ». Il ne s’économise pas, il improvise et interprète, mêlant talent et « génie » à tel point que Saint-Germain-des-Prés et Boris Vian ne font plus qu’un. Il aime jouer ses propres morceaux, chantant à tue-tête Ah, si j’avais un franc cinquante. On est d’abord là pour s’amuser ! Dès cette période, il écrit quelques autres chansons sur des musiques de ses amis Jean Gruyer, Jean Marty, Jack Diéval et envisage même de fonder, avec ce dernier, une maison d’édition musicale qui, malheureusement, ne verra jamais le jour, faute de temps et en raison de l’esprit de Boris Vian, selon qui « tout doit se faire vite et tout de suite, sinon cela viendra si cela doit venir ».

Très vite, se créer  »la Petite Chorale de Saint-Germain-des-Pieds » dont le répertoire se compose de Chanson dégueulasse, Java du coin d’la rue et autres complaintes. Cette chorale se compose, selon les circonstances, des deux frères Damain (fabricants d’abats-jour), Boris et Michelle Vian, Raymond Queneau, Janine de Valeyne (pour la contrebasse), Riguet, Paul Braffort (au piano)… Il s’agit d’un petit orchestre et le mot d’ordre lancé par le Grand Docteur Marco, très allergique à la musique, est : « Chantez le plus vite, le plus fort, le plus faux possible. »

La Chorale de Saint-Germain-des-Pieds, entreprise d’amateurs, se produit en quelques lieux obscurs et également chez les parents de Paul Braffort ; elle disparaîtra avec le refus, par le Club, du projet d’émission radio Reportage au Congrès de phonétique des sourds muets, quarante minutes de blanc à l’antenne en hommage à John Cage et au quadrangle noir de Malevitch… Morceaux d’anthologie, car si nous ne pouvons les entendre, il a été possible de les lire. Ils trouvent des sujets des plus rocambolesques et des plus inventifs, tout cela rédigé dans une écriture et un esprit d’une grande richesse ! Boris Vian appréciait forcément la compagnie de ces créateurs-auteurs-paroliers. Il y avait là tellement de matière en rimes et en proses, en tous styles et en tous genres…

En 1948, Boris Vian quitte le Tabou dont ses propriétaires, animateurs et clientèle se lassent. « Trop de monde déjà fréquente Saint-Germain-des-Prés » dira-t-il. On lui demandera très vite de devenir l’animateur du Club Saint-Germain. Il a envie, entre mille autres projets, d’adapter avec Raymond Queneau les chefs-d’œuvre de Racine en chansons.

 

Poèmes aériens…

 

Beaucoup de créativité.

Oeuvres célèbres et uniques.

Reconnaissance artistique difficilement acquise..

Instrument à vent..

Soucieux de plaire, d’exister.

 

Volonté de fer.

Inflexible devant ses idées, ses convictions.

Amoureux de la Vie..

Né en avance sur son temps.

 

Il est grand, un peu gauche et complexé..

Sa pensée et sa créativité toujours seront liées..

Mais peut-on vraiment se considérer libre,

De penser, créer, critiquer, jouer, rire, sourire ou pleurer..

Lorsque âgé d’une douzaine d’année, on se sait déjà condamné…?

 

Léna Larvol.

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