Le Boris Vian .

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Boris Vian est né le 10 mars 1920 à Ville d’Avray, dans les Hauts-de- Seine. Il est mort à Paris le 23 juin 1959 d’un arrêt cardiaque lors de la projection de l’adaptation cinématographique de son livre J’irai cracher sur vos tombes. Issu d’une famille modeste avec un père rentier, il a grandi avec ses deux parents et ses trois frères et sœurs. A l’âge de douze ans, Boris Vian est atteint d’une insuffisance aortique due à une angine infectieuse. Il apprend alors qu’il a une espérance de vie d’environ quarante ans. Il ne pense désormais qu’à profiter de sa vie. Nous retrouvons un morceau de cette période de sa vie dans l’Herbe Rouge dont il qualifie son enfance de « surprotégée ». Vian se lance dans des études classiques caractérisées par l’étude de langues latines et grecques ainsi que la philosophie. Il apprend également, en parallèle, l’anglais. Mais à cause de ses problèmes de santé il ne peut continuer et intègre l’École Centrale des Arts et Manufactures, il devient ingénieur. Il fait un parcours très brillant.

Boris Vian, n’est pas un simple étudiant.
C’est une personne aux multiples facettes avec l’envie de découvrir tous les petits secrets que comporte notre monde et d’en savoir encore plus sur toutes les théories. Il est écrivain, poète, parolier, critique, compositeur, ingénieur, scénariste, traducteur, conférencier, acteur, peintre ou encore photographe. Mais avant tout il est musicien. Sa passion, le jazz, a considérablement influencé son œuvre et lui permet de s’évader et de s’épanouir. Il fait référence à cette passion dans L’Écume des Jours,en citant Chloé de Duke Ellington. Mais que serait le jazz de Vian sans Saint-Germain-Des-Près ? En effet, Vian fréquente ce quartier, il y fait connaissance de Raymond Queneau, Jacques Prévert qui est également son voisin de palier. Mais surtout il fait deux grandes rencontres, celle de Simone de Beauvoir, philosophe, romancière, épistolière et celle de Jean-Paul Sartre, son compagnon. Celui-ci va avoir une sensible influence dans L’Écume des Jours sous le pseudonyme de Jean-Sol Partre, idole de Chick.

Après le Jazzman, l’écrivain.
Vian écrit dans des genres différents comme dans les recueils et nouvelles avec Les Fourmis en 1949 et Le Loup Garou en 1970. Dans la poésie avec Cent Sonnets en 1944 et Je voudrais pas crever en 1968. Mais il a aussi des oeuvres théâtrales avec Le Chevalier de Neige en 1974 et Tête de Méduse en 1951. J’irai cracher sur vos tombes en 1946 appartient à un autre Vian. Ce roman est écrit et publié sous le nom de Vernon Sullivan, un roman noir et cruel. Au début Vian n’a pas été reconnu mais a été fortement soupçonné. Il veut écrire sous ce pseudonyme car il a été déçu d’avoir manqué le prix de la Pléiade. Vian veut aussi un projet de publication d’un roman noir a une époque ou les thrillers connaissent un franc succès en France. Sous ce pseudonyme il écrit : Les morts ont tous la même peau en 1947, Et on tuera tous les affreux en 1948 ainsi que Elles ne se rendent pas compte en 1950. Tous ces romans de Vernon Sullivan sont d’un registre policier tiré d’une littérature tragique et dramatique. Pour ce qui est de ses romans en général, Vian met en œuvre toutes sortes de critiques, du travail jusqu’aux valeurs bourgeoises en passant par l’armée et la religion avec une pointe de surréalisme.
Mais il ne faut pas perdre de vue que Boris Vian n’appartient à aucun mouvement, il est tout simplement unique. Vian est victime aussi de censure comme avec sa chanson Le Déserteur, montrant un homme appelé au combat, mais incapable de tuer il refusait d’y aller. Pour éviter toute influence elle est alors censurée. Mais il est rendu célèbre avec L’Écume des Jours en 1947,  » le plus poignant des romans d’amour contemporains » selon Raymond Queneau., L’Herbe Rouge, écrit en 1950 raconte la jeunesse et l’enfance de l’auteur.

Vian, un exemple.
Lors des événements de Mai 1968, les étudiants redécouvrent cet artiste polyvalent, et se reconnaissent dans l’éternel adolescent qu’il était, moqueur des théories de Sartre avec la folie, l’esprit de contradiction et le refus de l’embrigadement des l’idéologies. Vian a donc été un bel exemple pour ces étudiants.

De l’écrivain au «pataphysicien».
C’est difficile d’aborder toutes les activités du grand Vian mais nous ne pouvons pas passer à coté de la Pataphysique. Science du virtuel et des solutions imaginaires, c’est un concept mis à jour à la fin du 19ème siècle par l’écrivain Alfred Jarry. Dans les romans de Vian on retrouve beaucoup d’éléments Pataphysiques dont le secret n’appartient qu’à Vian. Cela nous permet aussi de nous interroger sur les sciences du monde et du virtuel en tant que lecteurs.

La crainte de Vian.
Et oui, Vian a une crainte quotidienne et réelle que l’on retrouve dans toutes ces œuvres, cette peur lui est familière, c’est la Mort. Dès qu’il appris sa maladie il décida de brûler sa vie, de profiter. Il va jusqu’à ne plus dormir pour aller jusqu’au bout, jusqu’à la dernière seconde. La mort est très présente chez lui, il ne sait comment la définir et ne sait quand elle va venir le chercher. Dans un de ces poèmes, Je voudrais pas crever, il évoque l’envie de faire tout et n’importe quoi avant de partir. Dans ce poème quand il dit «Je voudrais pas crever, Non monsieur, Non madame Avant d’avoir tâté, Le goût qui me tourmente, Le goût qu’est le plus fort, Je ne voudrais pas crever, Avant d’avoir goûter, La saveur de la mort…», nous sentons l’envie de «goûter» à la mort, de l’avoir en face de soi et de lui dire vas-y, prends moi.
Vian est un personnage dur d’apparence, colérique et pas facile à vivre, mais lorsqu’il écrit sur la mort qui le tourmente, il est envahi d’émotions et pleure, c’est un être humain possédé par une obsession qui l’emportera à l’âge de 39 ans.

En tant que lectrice, deux œuvres m’ont particulièrement touchées, celle de L’Écume des jours, avec un amour brisé par la mort et lutte acharnée de la maladie. Cela m’a touchée car c’est une histoire qui fait référence à la douleur et la souffrance que l’on peut éprouver suite à un chagrin d’amour mais celui-ci est balayé par la Mort, omniprésente qui crée un ambiance très pesante et lourde… Il y a une mise en valeur de chaque détail et élément qui constituent l’histoire et amènent à une réflexion face à la société et aux décors.
Puis, l’autre oeuvre qui m’a touchée c’est  »Je voudrais pas crever » ‘ Elle m’a permis de m’interroger sur la mort et de comprendre la volonté d’un condamné. Je trouve l’écriture poignante et réaliste ce qui permet une grandeur d’émotions chez le lecteur.
Je finirai par une citation de Vian, «A quoi bon soulever des montagnes quand il est si simple de passer par dessus?» Ceci montre que Vian est loin d’être un homme simple mais un être unique et complexe.

Anaïs Keurmeur.

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