Les caves de Saint-Germain..

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Après la seconde guerre mondiale, le quartier de Saint-Germain-des-Prés est devenu un haut lieu de la vie intellectuelle et culturelle parisienne. C’est sa grande époque : philosophes, auteurs, acteurs et musiciens et poètes se sont mélangés dans les boîtes de nuit (où commence à apparaître le Be-Bop). Les brasseries, où la philosophie a coexisté avec le jazz américain ainsi que dans les caves de la rue de Rennes, que fréquentait notamment Boris Vian et son orchestre.

Contrairement à une légende, Boris Vian n’a pas créé Saint-Germain-des Prés. S’il connaît le quartier depuis 1944, il ne commence à le fréquenter très régulièrement qu’en 1946 à la création du Caveau des Lorientais.

« Boris, qui prend parfois la trompette, fait régner une ambiance quasi religieuse. » Les frères Vian ont entrainés le Tout-Paris à Saint-Germain, et l’on surnommait Boris « le Prince du Tabou », à partir de 1947. Vian ne participait que très rarement aux élections de « Miss Vice » et autres fantaisies douteuses. Il préférait organiser Rue Faubourg, des « tartes-parties » réunissant des musiciens de jazz.

Après la fermeture du Caveau des Lorientais, la même population se retrouve au Tabou. Or, nous ne pouvons pas parler de Saint-Germain-des-Prés, sans évoquer le célèbre Tabou, club de danse et de jazz installé dans la cave à l’angle de la rue Christine, qui devient à sa création le premier  »club » du quartier. Inauguré le 11 avril 1947, il est très vite devenu le rendez-vous favori, des zazous, des intellectuels, et des grands amateurs de Jazz et de fêtes. C’était également un haut lieu de rassemblement des existentialistes (mouvement philosophique symbolisé par Jean-Paul Sartre).

C’est aussi dans ces caves que Boris Vian retrouve ses amis les plus proches Jean-Paul Sartre (le Jean-Sol Partre de L’écume des Jours), Simone de Beauvoir (la Duchesse de Bovouard de L’écume des Jours), Louis Armstrong et surtout Raymond Queneau.

La cave en sous-sol est un lieu idéal pour la musique, afin d’éviter que les voisins ne se plaignent du tapage nocturne. Boris Vian est parmi les premiers musiciens à s’y produire, il y fonde un petit orchestre de Jazz avec ses frères, « Les Grrr ». Guy Montassut est au saxophone, Juliette Gréco chante et récite des poèmes de Queneau et de Prévert.

« Très vite, le Tabou est devenu un centre de folie organisée. Disons-le tout de suite, aucun des clubs qui suivirent n’a su recréer cette atmosphère incroyable, et le Tabou lui-même, hélas ! Ne la conserva pas très longtemps, c’était d’ailleurs impossible. »

— Boris Vian

Le Tabou est très vite devenu une légende, bien qu’il n’ait été en activité qu’un an, « ne serait-ce que parce que les voisins vidaient leurs pots de chambre sur la tête des noctambules trop bruyants à la sortie de la cave. » d’après Vian.

Les voisins énervés avaient réussi à faire ramener l’heure de fermeture du Tabou à minuit, mais cela n’avait pas découragé les habitués. Cependant, le Tabou devenait ce que les intellectuels considéraient comme un club à touristes à l’égal de Pigalle. L’élection de Miss tabou, l’arrivée de filles du quartier en petite tenue, l’apparition d’effeuilleuses et de journaliste, que Vian surnomme les « pisse-copie » , et une clientèle présente seulement pour  »bien se faire voir » laissant le côté la passion pour le Jazz et l’ambiance festive, finissait par dégoûter la jet-set habituelle qui chercha un club vraiment privé. Lassés d’un lieu dont ils assuraient le succès que par leur présence, ils préférèrent au Tabou une autre cave que Freddy Chauvelot (alors directeur du Tabou) allait ouvrir au 13 rue Saint-Benoît : Le Club Saint-Germain.

Le Tabou ferme définitivement ses portes au milieu des années 1950 et redevient un bistro ordinaire, ce qu’il était au début avant l’ouverture officielle de la cave. La salle est maintenant consacrée aux séminaires des clients de l’hôtel d’Aubusson.

Le quartier est maintenant moins prestigieux sur le plan intellectuel et culturel qu’à la grande époque de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, de la chanteuse emblématique du Tabou, Juliette Gréco ou des cinéastes tels que François Truffaut. Sans oublier des poètes comme Jacques Prévert et des peintres comme Giacometti.

Des artistes y sont toujours toujours présents, appréciant l’ambiance du café Les Deux Magots ou du Café de Flore. À la brasserie Lipp se réunissent les journalistes, les acteurs en vue et les hommes politiques comme le faisait François Mitterand.

Léna Larvol.

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LIPP

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